15.01.2009Patrick McGoohan : la mort du prisonnier"Je ne suis pas un numéro. Je suis un homme libre" : deux phrases connues de tout téléphile, même de ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à l'une des trop rares diffusions à la télévision française du "Prisonnier".
Rarement un acteur aura été autant associé à une seule réplique. Et pourtant, Patrick McGoohan n'était pas seulement le numéro 6, personnage principal de la série. "Le Prisonnier" était son bébé, un projet qu'il avait écrit, produit et dont il avait réalisé de nombreux épisodes.
Né en 1928 à New York, mais élevé en Grande-Bretagne, Patrick McGoohan quitte l'école à l'âge de 16 ans pour vivre de petits boulots : employé de ferme, de banque, et technicien au Sheffield Repertory Theatre. C'est là qu'il fera ses débuts sur les planches, un peu par hasard, lorsqu'un des acteurs tombera malade.
Son charisme naturel est rapidement repéré. Après l'avoir vu jouer dans la pièce "Serious Charge", en 1955, Orson Welles qualifiera même sa présence d'"intimidante". Son regard dur, sa voix cassante et son don pour la boxe, sport dans lequel il excellait à l'école, séduisent les producteurs qui lui offrent tout d'abord des rôles de mauvais garçon.
En 1960, la télévision britannique lui propose d'incarner le personnage principal de la série à succès Secret Agent. McGoohan endosse alors le costume de John Drake, un agent qui, à la différence du James Bond, ne porte pas d'arme, n'utilise pas de gadget, résout les problèmes avec son cerveau, et ne court pas après les filles. Beaucoup de fans identifieront John Drake comme étant le numéro 6.
En quelques années, McGoohan devient l'acteur le mieux payé de Grande-Bretagne et se permet même de décliner le rôle de James Bond dans Docteur No et de Simon Templar dans la série Le Saint. L'acteur a en fait un autre projet pour lequel il a mis de l'argent de côté. Au bout de quatre saisons, il annonce son départ de Secret Agent et se lance dans l'écriture, la production et la réalisation d'une nouvelle série au pitch pourtant improbable : un agent secret démissionne brusquement et, le lendemain, se réveille dans un camp de vacances étrange bourré d'électronique où chaque habitant, désigné par un numéro, est surveillé dans ses moindres faits et gestes.
Dès le premier épisode, tous les éléments du mythe sont là : la dénonciation de la bureaucratie, l'individualisme du héro,
la Lotus 7, l'inquiétant "Village" ou tout le monde se salue d'un "Be seeing you" et ces mystérieuses boules blanches, les "Rovers". Au fil de 17 épisodes, Patrick McGoohan est parvenu à créer un véritable univers, à la fois psychédélique et étouffant, qui fascine toujours.
Ainsi, aujourd'hui encore, le fan club du numéro 6 se réunit chaque année à
Portmeirion, le village du Prisonnier qui existe bel et bien,
pour rejouer des épisodes entiers et échanger leurs théories sur l'interprétation du très polémique dernier épisode, la nature du
Rover, l'identité du numéro 1 ou encore sur celle du numéro 6, dont le nom n'a jamais été dévoilé.
Patrick McGoohan a toujours refusé de répondre à ces questions ainsi qu'à la plupart des interviews sur sa série. Comme s'il voulait que les mystères restent entiers, ou comme s'il avait eu peur de devenir lui-même le prisonnier d'un rôle qui semble l'avoir dépassé. "Mel Gibson sera toujours Mad Max et, moi, je serais toujours un numéro", avait-il déclaré de manière ironique.
Reste l'idée, mainte fois évoquée, d'une adaptation au cinéma. Jusqu'à présent tous les projets ont échoué, jusqu'à ce que Christopher Nolan annonce, en 2006, son intention de s'emparer du projet, dont on n'a pour l'instant aucune nouvelles…
- "Six of One", le fan club officiel
http://www.sixofone.co.uk/- L'hommage de Portmeirion à Patrick McGoohan
http://www.portmeirion-village.com/content.php?nID=8;ID=1...- Le plan du village
http://suif.stanford.edu/~aimee/images/village-map-huge.gif Source : http://revuedeweb.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/01/15/patrick-mcgoohan-la-mort-du-prisonnier.html