L'accident d'avion de Buddy HollyLes chanteurs Big Bopper et Ritchie Valens étaient à ses côtés Buddy HOLLY -
XFuneste
tempête de neige le 1er février 1959. Le bus qui conduit la troupe de rockers
d'une ville à l'autre depuis fin janvier est contraint de modifier son
itinéraire Le concert prévu l'après-midi à Appleton, dans le Wisconsin, fut purement et
simplement annulé. La tournée, baptisée
Winter Dance Party, se rend
directement à Green Bay, le lieu prévu pour le concert du soir. Le jour
suivant, la revue parvient à se produire à Clear Lake
Dans l'Iowa, la tempête redouble de violence.Pourtant, un concert est prévu, pour le lendemain, à Moorhead, à 500 kilomètres de
là. De toute évidence, le bus aura beaucoup de difficulté à sillonner les
routes rendues presque impraticables par la neige ; de plus, il fait très
froid, et le système de chauffage du bus est défectueux.. Big Bopper, victime
de la grippe, malade comme un chien, s'achète un sac de couchage. Un détail
d'une importance capitale. Autre détail aussi important : à I4h 15, Buddy
téléphone à son avocat qui, une fois de plus, lui annonce que son manager n'est
toujours pas prêt à le rembourser.
Journal de bord de la tournée tragiqueAprès 18 heures, tout le monde se rend au restaurant et discute de la
décision à prendre pour le lendemain, face à la tempête de neige annoncée par la météo. Buddy, qui
voudrait passer une nuit complète de repos dans un vrai lit, apprend que le
trajet en bus risque de durer une bonne dizaine d'heures, alors qu'en louant un
avion il pourrait être rendu en trois heures. Il n'hésite pas ; le coût du
voyage par avion sera de 108 dollars, mais au moins dormira-t-il à l'hôtel.
C'est mieux que de somnoler dans un car glacial... Le prix sera divisé en parts
égales à la charge de chaque passage, soit 36 $ par personne. Le chanteur Dion
di Mucci est trop pauvre pour s'acquitter de cette somme. Il est donc contraint
de se désister. Il est sauvé par la dèche !
Un pilote fatigué qui ne connaît pas l’avionOn fait appel à un professionnel, Roger Peterson, qui, malheureusement, est
peu familiarisé avec les caractéristiques du petit avion. Comble de malchance :
il devra emporter Buddy et ses accompagnateurs tard dans la soirée, après le
spectacle. Il est convenu que l'avion décolle à minuit et demie. Peterson ne se
sent pas de taille à faire face à la fatigue et aux difficultés accrues par
l’obscurité, la visibilité quasiment nulle et la violence du blizzard.
Le spectacle commence à 20 heures.Dans la soirée, Buddy téléphone à sa femme ; son moral est au plus bas, mais
pour ne pas l'inquiéter, lui cache qu'il va prendre l'avion. Buddy a conscience
du danger que représente le fait de prendre l'air dans de telles conditions
météorologiques.
Vers 22 heures, Dion and the Belmonts montent sur scèneLe batteur ayant des engelures, c'est Buddy qui le remplace. Comme il est
caché par les cymbales, la plupart des 1 200 spectateurs ne le reconnaît pas
immédiatement. Pendant ce temps, des discussions s'engagent pour savoir qui va
prendre l’avion. En théorie, il devait y avoir Buddy et ses deux musiciens
Waylon Jennings et Tommy Allsup. Mais le destin va en décider autrement...
Big Bopper, à 22 h 20, demande à Waylon s'il peut lui laisser sa place
dans l'avionIl explique que, malgré force whisky et médicaments, il est toujours aussi
malade. Waylon accepte. En remerciement, Bopper offre à Jennings son sac de
couchage tout neuf. A 23 h 40, en rigolant, Buddy dira à Waylon «
J'espère
que ton vieux bus pourri va geler en route ! »... Waylon réplique «
Et
bien moi, je souhaite que ton vieux coucou s'écrase ! » Tragique.
Ritchie Valens, à 22 h 25, demande à Tommy Allsup s'ils peuvent permuter.Tommy refuse catégoriquement. Mais Valens revient à la charge à minuit
cinq, quand il a fini de signer des autographes. Cette fois, Tommy Allsup se
laisse attendrir. Il attrape une pièce de monnaie, et joue la place d'avion à
pile ou face. Le sort désigne Ritchie qui s'exclame «
C'est bien la première
fois que je gagne quelque chose ». Il venait de gagner son passeport pour
l'au-delà.
À minuit 55, l'avion
décolleLe pilote et Buddy à l'avant, Big Bopper et Ritchie Valens à l'arrière. À
une heure du matin, Peterson, le pilote (qui, rappelons-le, ne connaît pas bien
ce modèle d'avion, le Beechcraft Bonanza) est obligé, en raison de la mauvaise
visibilité, de se diriger au radar, et fait une grave erreur d'interprétation
du gyroscope : il croit que l'avion prend de l'altitude alors qu'il est en
descente.
L'avion s'écrasa au sol à la vitesse d'environ 200 km/h.Les passagers furent tués sur le coup ; le pilote resta à sa place, les
trois artistes furent projetés en dehors de l'avion par le choc. Le vol avait
duré quelques minutes, l'avion avait parcouru une dizaine de kilomètres : au
sol, le patron de la société aéronautique crut voir l'avion perdre de
l'altitude, mais pensa avoir mal vu, victime d'une illusion d'optique. À 1 h 15,
il devait se rendre à l'évidence : toute tentative pour joindre l'avion par
radio s'avérait inutile.
C'est Buddy qui avait eu l'idée de louer le petit avion.Indirectement, il est responsable de la mort des quatre passagers. Mais son
manager est lui aussi responsable : s'il n'avait pas volé son poulain, ou tout
au moins refusé de lui verser son dû, Buddy n'aurait pas été obligé de voler
vers la mort.