FREDDIE BELL
Au dernier Festival de Hemsby, Willie Jeffery eut la bonne idée d’inviter Mr "Giddy- Up-A Ding Dong" himself accompagné pour l’occasion par les Jive Aces. Rock And Roll Revue ne pouvait passerr l’occasion d’interviewer ce tromboniste- chanteur qui fut le premier rocker américain à poser le pied en France en 1957...
Au dernier Festival de Hemsby, Willie Jeffery eut la bonne idée d’inviter Mr "Giddy- Up-A Ding Dong" himself accompagné pour l’occasion par les Jive Aces (dommage qu’ils soient scientologues !). Rock And Roll Revue ne pouvait passerr l’occasion d’interviewer ce tromboniste- chanteur qui fut le premier rocker américain à poser le pied en France en 1957...
R’N’R: Vous n’êtes venu qu’une seule fois en France ?
F.B. : pour me produire à l’Olympia, puis je suis revenu il y a quelques années pour un concert dans le Nord. Je viens parfois en tant que touriste car Paris est une si belle ville.
R’N’R: Comment s’est passé votre spectacle car, en 1957, le Rock And Roll était inconnu du grand public français ?
F.B. : C’était étrange et ça ne s’est pas passé aussi bien que nous le pensions. Les communistes français (encore très influents à l’époque !) m’ont présenté dans la presse comme le leader d’un groupe impérialiste américain ! Je ne réalisais pas les proportions que pouvait prendre la chose.
R’N’R: Mais vous étiez le seul groupe sur scène ?
F.B. : Non, nous faisions partie d’un programme comprenant des musiciens du monde entier: Il y avait des russes, des roumains, des allemands... beaucoup d’attractions des pays de l’Est, mais nous étions le seul groupe représentant de l’Ouest (n’oublions pas que nous sommes en pleine guerre froide !). Le soir de la première, toutes les délégations des pays de l’Est étaient présentes et lorsque nous sommes entrés sur scène, ils ont quitté la salle !! Je n’avais pas réalisé jusque là que dans le monde du spectacle il y avait deux blocs ! Ça m’a blessé de voir des gens s’en aller, mais comme je m’amusais bien à Paris, je n’y ai pas attaché trop d’importance.
R’N’R: Vous êtes allé au Moulin Rouge... ?
F.B. : Oh oui, dans tous les clubs à Pigalle, mais aussi au Lido. Toutes les nuits, je sortais !!A St-Germain Des Près, j’ai vu Art Blakey, Kenny Clarke. Je sortais avec Eddie Barclay (sacré Eddie, toujours là où on peut s’amuser) et nous allions au "Pied de Cochon" près des Halles pour y manger une soupe tard le soir. Mais à cette époque, c’était un petit restaurant et lorsque je suis retourné à Paris, je ne l’ai pas reconnu. C’était devenu un grand restaurant plein de néons !
R’N’R: Et votre répertoire à l’Olympia était Rock And Roll ?
F.B. : Oh oui, on jouait tous nos morceaux. Au début, le public était interloqué, puis les jours suivants de plus en plus de jeunes sont venus. Les gens se disputaient dans la salle à notre sujet !
R’N’R: Il y avait déjà à cette époque en France quelques tentatives de Rock And Roll (Big Joe vous a conté tout cela dans les premiers numéros de votre magazine). Etiez-vous au courant ? (nous lui citons quelques noms).
F.B. : Oui, mais je n’ai jamais rencontré aucun d’eux. Par contre, j’ai rencontré Maurice Chevalier à Las Vegas, mais aussi à Paris avec l’ambassadeur des Etats–Unis..
R’N’R: Vous avez été le premier groupe de Rock And Roll à venir en France...
F.B. : Oui, mais aussi dans toute l’Europe ! Nous avons commencé notre tournée par l’Angleterre, avant Bill Haley. Nous tournions avec Tommy Steele. Puis, nous sommes allés en Hollande et enfin à l’Olympia pour six semaines !
R’N’R: Vous étiez au faîte de votre gloire à ce moment ! Mais combien de temps avant avez-vous commencé ?
F.B. : J’ai commencé à Philadelphie. Avec les Bellboys ! nous étions parmi les premiers blancs à faire du Rhythm & Blues comme les Treniers. C’est ce genre de musique que j’avais toujours voulu faire depuis que j’avais 10-11 ans, à l’époque où je traînais avec des noirs. J’écoutais Fletcher Henderson et Wynonie Harris. Puis j’ai formé un groupe et on reprenait les tubes des deux grands labels qu’étaient Atlantic et Paramount ! Puis avec le groupe, nous avons décroché un contrat à Las Las Vegas et ensuite des producteurs sont venus nous voir et nous ont demandé "cela vous dirait de faire un film ?". J’ai dit "bien sûr". Nous avons alors fait "Rock Around The Clock". A cette époque, nous n’avions que "Hound Dog", enregistré chez Teen Records, comme grand titre.
R’N’R: Avant Elvis ?
F.B. : Oui. J’avais entendu Big Mama Thornton et j’ai décidé de reprendre le morceau en changeant les paroles pour pouvoir être diffusé ! Dans l’original, c’est une femme qui s’adresse à un homme et comme c’était trop sexy, j’ai transposé ça à un lapin !
En 1956, j’ai rencontré Elvis et je lui ai donné le disque qu’il a enregistré et vendu à des millions d’exemplaires ! Il était venu nous voir sur scène et lorsque je l’ai vu à la télé au Ed Sullivan Show, je me suis dit "Eh, le fils de ... il m’a même piqué mes pas de danse !!"
R’N’R: Et Alan Freed ?
F.B. : Ce fut le premier a passé "Hound Dog" qui fut n°1 pendant 16 semaines. C’est un peu grâce à lui que tout a commencé.
R’N’R: Vous êtes un peu une sorte de chaînon manquant entre Louis Prima et Elvis !
F.B. : Louis, c’est vrai, a mélangé la musique noire à la musique italienne, mais il était plus variété et Dixieland que Rhythm & Blues.
R’N’R: Y a-t-il une histoire derrière le titre "Giddy-Up-A-Ding-Dong" ?
F.B. : Oui, les Treniers avaient l’habitude de m’appeler Freddie "Dind- Dong". Vous savez, si vous vouliez être diffusé, il fallait écrire des chansons à propos de n’importe quoi, excepté les relations hommes/femmes. C’est pourquoi j’ai fait des chansons sur les animaux : "Big Bad Wolf", "Stay Loose Mother Goose"... mais c’était toujours du "double entendre"!! (en français dans le texte).
R’N’R: Vous avez travaillé longtemps à Las Vegas...
F.B. : Et j’y travaille encore. J’ai été engagé par Frank Sinatra et j’ai bossé aux côtés de Tommy Sands et Johnny Faire (autres vedettes du 24 ème Hemsby). C’est un petit monde !
R’N’R: Et votre répertoire est toujours Rock actuellement ?
F.B. : J’en fais un peu, mais c’est plus un show à la Prima avec beaucoup de chansons italiennes. Je suis devenu un artiste de cabaret !
R’N’R: Quelles sont vos influences italiennes ?
F.B. : Quand j’étais à Paris j’ai découvert et rencontré Marino Marini (créateur de "Bambino", mais aussi un temps, pianiste de l’orchestre de Stan Kenton. Ndlr). Nous avons bien sympathisé. Mes parents écoutaient Carlo Buti. Vous savez, je parle encore le vieil italien, le dialecte et lorsque je vais à Rome, on me prend pour un péquenot ! J’aime l’Europe car c’est une terre de traditions; aux Etats-Unis la tradition ça dure deux ans.
R’N’R: Ce soir vous jouez avec les Jive Aces. Avez-vous déjà rejouer avec des anciens Bellboys ?
F.B. : J’ai déjà joué deux fois auparavant avec les Jive Aces (à Zurich et en Allemagne). Quatre des anciens BellBoys sont morts et les deux autres ne sont plus dans le show-bizness (un est patron de night-club alors que l’autre fabrique des chemises).
R’N’R: Au début des années 80 en France, les jeunes rockers et cats vous découvraient ainsi que les House Rockers de Jimmy Cavello...
F.B. : Je viens juste de travailler avec lui quatre mois auparavant en Floride. Il joue encore merveilleusement bien du saxophone avec un groupe de quatre musiciens malgré ses 74 ans. Je lui ai dit qu’il devrait venir jouer en Europe !!! (A quand Jimmy à Hemsby ... ou en France !!!). Il a enregistré un album qu’il vend dans les clubs où il joue !
R’N’R: Avez-vous déjà travaillé avec un autre italo-américain : Dion ?
F.B. : Non, mais je l’ai rencontré, vous savez certaines personnes nous confondent. C’est à cause des Bell; Bellboys et Belmonts !!! Mais j’ai déjà travaillé avec Bobby Vee et Little Anthony (dont Freddie nous confirme l’excellence légendaire ! A quand aussi la venue de ce dernier en uropeen Europe ?)
R’N’R: et Sam Butera ?
F.B. : Bien sûr! On bosse dans le même hôtel !
R’N’R: Le mouvement Swing et Jive actuel qui sévit aux Etats-Unis doit aussi vous rendre hommage non ?
F.B. : Oh oui, des jeunes gens viennent me voir et m’appelle : pionnier ! Quand je serai encore plus vieux, on dira , légende (rires). Même Brian Setzer est venu me voir !!
Nous remercions Freddie pour sa bonne humeur communicative et la simplicité avec laquelle il répondit à nos questions. Il était visiblement content de se remémorer les bons moments passés à Paris, ville qu’il allait justement retrouver en tant que touriste juste après son très bon show de Hemsby. Malheureusement, aucun concert n’était prévu...Quoique…
DAVID PHISEL.
En complément, une vidéo de FREDDIE BELL ET ROBERTA LINN : Tweedlee Dee
Sixties session qui lui fera certainement très plaisir. Je vous communique le lien de son site pour ceux que cela interessent !
Goodbye FREDDIE !!
source
http://bartemon.net/dossiers/dossiers.php?id_dossier=255&PHPSESSID=1defaa752d4eafcdbd83bd1e41927a24
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