BIG JOE TURNER

BIG JOE TURNER

Joseph Vernon Turner dit Big Joe Turner est un chanteur de blues américain né à Kansas City, Missouri, le 18 mai 1911 - décèdé à Los Angeles, Californie, le 24 novembre 1985. Big Joe Turner est, avec Jimmy Witherspoon, le « blues shouter supreme ». Il n'a cessé de hurler le blues et de rester populaire jusqu'à sa mort, laissant une œuvre majeure. Bien qu'il connu sa plus grande gloire, dans les années 1950, avec des titres comme Shake, Rattle and Roll, préfigurant le rock and roll, il a connu une carrière sur scène s'étendant des années 1930 aux années 1980.

Biographie

À la la mort de son père lorsqu'il a dix ans, Joe est obligé de travailler pour vivre. Il devient cireur de chaussures, vendeur de journaux puis garçon de café. Dans tous ces métiers, il attire les clients en chantant d'une voix puissante acquise dans la chorale de l'église baptiste. Le pianiste Pete Johnson qui joue dans le café où Joe travaille en 1926, ayant remarqué ses dons de musicien, décide de faire équipe avec lui pour la plus grande joie de la clientèle. Cette association, qui donnera certains des plus grands moments de la musique américaine, durera 40 ans. Turner chante alors le blues au sein de nombreux orchestres de Kansas City, George E. Lee, Bennie Moten, Andy Kirk et Count Basie. En 1936, Johnson et Turner tentent leur chance à New York et se font remarquer de John Hammond qui les fera revenir en 1938 pour son célèbre concert Spirituals to Swing à Carnegie Hall.

Big Joe saisit cette occasion à bras le corps. Avec Johnson, ils enregistrent en compagnie des pianistes Meade Lux Lewis et Albert Ammons en tant que Boogie Woogie boys', lançant en fait la folie du boogie-woogie qui fait swinguer toute l'Amérique jusqu'au rock'n'roll. Johnson et Turner connaissent aussi un grand succès avec Roll'em Pete (titre qui sera enregistré à plusieurs reprises par Turner sous divers pseudonymes). Turner est alors constamment dans les studios en leader ou au sein de formations comme celles de Benny Carter ou Coleman Hawkins. Il enregistre pour « Vocalion » entre 1938 et 1940 et pour « Decca » de 1940 à 1944 avec les meilleurs pianistes d'Amérique. La guerre n'entame en rien sa popularité, il joue dans un club de New York, le Cafe Society, au cotés de grands du Boogie-woogie, comme Albert Ammons et Meade Lux Lewis, leurs meilleurs morceaux de l'époque sont surement : Cherry Red, I Want a Little Girl, et Wee Baby Blues. Turner enregistre aussi au sein de diverses formations réduites, en particulier sous le label National Records et apparaît dans l'orchestre de Count Basie.

Il figure dans plusieurs films à destination des GI's noirs. Classe, puissance, urbanité, Big Joe Turner est plus qu'un artiste favori, un des modèles de l'Amérique noire.

Le blues jazzy et musclé qu'il a enregistré avant guerre annonce nettement le Rhythm and Blues. Il est naturellement à la tête de ce nouveau courant qui se développe en Californie, à New York et à la Nouvelle-Orléans, régions où il réside et joue fréquemment. Il grave des disques en quantité pour de nombreux labels indépendants National, Aladdin, Stag, RPM, Down Beat, Swing Time, Coast, Excelsior, Freedom, Imperial, MGM. Sa popularité ne se dément pas.

Au début des années 1950, invité par les Ertegun brothers à enregistrer sous leur label Atlantic Records, il produit plusieurs standards du blues comme Chains of Love et Sweet Sixteen, avant d'être propulsé sur le devant de la scène, en 1954, par son grand succès Shake, Rattle and Roll, un énorme succès qui figure dans le Top 40 de rhythm and blues. Ce titre est repris, avec des paroles suggestives expurgées par Bill Haley et ses Comets. Par la suite, Elvis Presley reprendra les paroles originales avec les arrangements des Comets, mais néanmoins avec moins de réussite. Pendant cette période, Big Joe Turner enregistre même un fabuleux TV Mama avec Elmore James.

Quadragénaire noir, il se trouve soudain propulsé au rang de « Pionnier du rock », seul blues shouter à s'engager dans ce courant destiné alors à un public adolescent. Flip, flop and fly ou Teenage letter ont autant d'impact chez les Noirs que chez les Blancs. Turner revient au jazz blues de ses premiers temps, celui de Kansas City, en enregistrant le microsillon The boss of the blues (Atlantic) en compagnie de Pete Johnson et de divers jazzmen.

Mais le rock'n'roll comme les blues shouters passent de mode. En 1962, Turner se retrouve sans compagnie de disques et son blues jazzy ne rencontre guère les faveurs du nouveau public blanc. En 1966, Bill Haley essayera de relancer sa carrière en l'embauchant pour enregistrer avec les Comets, à Mexico. Il réussit à enregistrer ici et là quelques bons albums pour Bluesway ou Kent, parmi lesquels Big Joe Turner turns on the blues (Kent) en compagnie de George Smith, Bee Houston et J.D. Nicholson, un de ses rares disques de blues terrien, vaut la peine d'être recherché. Il participe, un peu mal à l'aise, à l'American folk blues festival et fait une tournée en France. Il fréquente les studios jusqu'à sa mort, notamment pour une bonne série d'albums destinés au label de jazz Pablo dont le meilleur est Have no fear, Big Joe is here (Pablo). Il continuera à se produire dans les clubs chics de Los Angeles. L'homme, parfaitement conscient de l'importance de son œuvre, était fier de la longévité de sa carrière. Un géant du blues, assurément.

Discographie

Chains Of Love - 1951
Cherry Red - 1956
Corrine Corrina - 1956
Flip Flop And Fly - 1955
Honey Hush - 1953
Nothin' From Nothin'
Roll 'Em, Pete - 1938
Shake, Rattle And Roll - 1954
Wee Baby Blues - 1956
Big Joe Turner vol. 1 & 2 (Masters of Jazz)
Tell me pretty baby (Arhoolie)
Big Joe Turner, 1941-46 (Classics) rééditent sa première œuvre
Greatest hits (Sequel) et
Big Joe rides again (Sequel ), qui regroupent une grande partie de ses titres Atlantic dont nombre de ses succès du rock'n'roll

Shake Rattle And Roll